Natalia Bikir, une artiste à part…

–Préface de Pierre Cornette de Saint Cyr

  Les tableaux de Natalia Bikir, foisonnant de couleurs et de symboles, nous transportent dans un monde tendre et serein, entre joie et nostalgie, où s’entremêlent femmes, enfants et chevaux, dans des scènes évoquant les riches heures médiévales ou les icônes byzantines.
        
  Sa peinture polychromique est l’expression d’un tempérament et d’une culture qui reflète toute la chaleur de l’âme slave. Natalia est d’un pays, la Moldavie, longtemps à la limite des empires romain puis byzantin, russe et ottoman, un minuscule pays qui a subi de nombreuses influences mais qui a su jalousement conserver ses traditions et ses particularités. 

 

  Ses tableaux sont empreints de la ferveur mystique des monastères qui ponctuent le paysage moldave, de la chaleur colorée et joyeuse des fêtes de village où, au son des violons et dans le déchainement des danses, les cœurs s’enflamment, le sable vole, la joie communicative embrasse la steppe.
Natalia transporte en elle ce pays, témoigne de sa permanence à travers les innombrables accidents de l’Histoire et de son indéfectible joie de vivre au-delà de toutes les tragédies et de la folie dévastatrice des hommes.

 

  Ses nombreuses années passées à l’Académie des Beaux-Arts ont développé son talent de coloriste, sa maîtrise de la technique et lui ont apporté une virtuosité d’exécution qui lui permet d’exprimer ses visions personnelles.
 Sa palette  décline aussi des teintes plus subtiles et joue d’une multitude de demi-tons. Le lapis-lazuli qu’elle broie et intègre, les pigments naturels qu’elle dose savamment et la poudre d’or qu’elle utilise rendent encore plus délicats ses coloris et leur donnent la profondeur énigmatique des mystères.

 

  Dans quelques toiles, on quitte le pays de son enfance pour entrer à l’intérieur de palais gothiques où les personnages semblent évoluer sur l’échiquier du Temps : vision rêvée d’une époque où l’art de vivre se conjuguait sur le mode du raffinement et de la délicatesse.
  Le grand thème qui traverse toute l’œuvre de Natalia, ce sont les femmes. Elles sont omniprésentes : madones, villageoises, femmes en maternité triomphante…

 

  Elles occupent tout l’espace. Elles sont l’unité du monde, sa force et sa stabilité. Témoins de la transmission, elles sont les gardiennes de la mémoire.
  Là est peut-être le privilège et la vocation de l’art : construire des contrées idéales, proposer une vision du monde tel qu’on aimerait qu’il soit plutôt que tel qu’il est.

 

  Le monde de Natalia apparaît à travers le prisme de l’enfance, paré de merveilleux avec sa poésie, sa tendresse, ses rêveries.

 

  Si elle a choisi «  Toudora «  comme titre de ses expositions à travers le monde, c’est en hommage à sa grand-mère et à l’enfant qui reste en elle.
  C’est sur le cheval rouge de ses toiles qu’elle s’envole à la conquête de sa liberté.

 

  Natalia comme son nom l’indique est porteuse d’une « bonne nouvelle » : il y aura toujours de l’espoir, tant que les humains sauront regarder le monde avec des yeux d’enfant et que les femmes garderont le secret de la magie des choses.

 

Pierre Cornette de Saint Cyr

 

Commissaire-Priseur